Face au changement climatique, comment vont les forêts ?

Un blog ne peut pas s’intituler L’arbre qui cache la forêt sans aborder l’état des forêts !

12 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus en 2018, soit la superficie de la Belgique. Les raisons : extraction du bois, développement de l’agriculture, et construction d’infrastructures. En Bolivie, l’agriculture intensive est le premier facteur de déforestation. Au Ghana et en Côte d’Ivoire, il s’agit de l’expansion des plantations de cacao.

Les conséquences sont une perte de biodiversité (végétaux, mammifères, insectes, etc.), une plus grande vulnérabilité du sol aux événements extrêmes tels que les inondations, et une perte de ressources pour les populations locales.

La déforestation a également un impact sur le changement climatique. Les forêts représentent 92% de la biomasse terrestre. Cette biomasse stocke 400 GtCO2 (gigatonnes de CO2) et les sols des forêts en stockent 1 000. En comparaison, l’atmosphère stocke environ 860 GtCO2. En cas de feu ou de déforestation, en plus de la perte de ce puits de carbone, le carbone stocké lors de la croissance des plantes est brusquement libéré. Le changement de couverture et de modes de gestion des sols a aussi un effet sur le rayonnement solaire (albédo) et peut également modifier le climat régional en affectant les échanges d’eau entre le sol, la végétation et l’atmosphère.

A l’échelle individuelle, nous sommes en partie responsables du problème, du fait de la déforestation importée. WWF rappelle que 5,1 millions d’hectares sont déforestés pour produire ce que la France importe chaque année. Le problème ne concerne pas que le bois et le papier : les matières premières critiques, c’est-à-dire provenant de pays à fort niveau de déforestation, sont l’huile de palme, le soja (présent indirectement dans la viande, les œufs et produits laitiers via l’alimentation animale), le cacao et le caoutchouc des pneus. 

Autre problématique d’actualité, le recours à l’énergie issue de la biomasse. L’Union européenne inclue l’énergie de la biomasse forestière dans les objectifs de production d’énergies renouvelables, arguant de sa neutralité carbone. La part de la biomasse-énergie dans l’énergie brute totale consommée en Europe s’est accrue de 5,9% en 2005 à plus de 10% en 2017. Cependant, la gestion forestière émet des gaz à effet de serre, et les durées d’un côté nécessaires pour la croissance des arbres et de l’autre suffisantes pour brûler la biomasse ne coïncident pas. Des citoyens de 7 Etats-membres de l’Union européenne poursuivent d’ailleurs l’UE en justice, arguant que le bois des forêts n’est pas une source renouvelable.  

Les objectifs internationaux de préservation des forêts sont-ils suffisants ? En 2011, le défi de Bonn fixe l’objectif de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici à 2020 et 350 millions d’ici à 2030. Les promesses prises par les gouvernements et acteurs privés permettent d’atteindre l’objectif des 150 millions. Cependant, les forêts sont des écosystèmes complexes, et il ne suffit pas de planter des arbres pour les restaurer. Un écosystème forestier comporte plusieurs milliers d’espèces végétales et animales, ce que ne permettent pas d’atteindre les monocultures.

Du côté des démarches volontaires, les deux principaux labels sont FSC et PEFC, portés par des ONG. Si ces outils présentent des limites, ils n’en restent pas moins utiles pour donner de la visibilité aux consommateurs.

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